mercredi 9 novembre 2011

Pekin multiplie les investissements dans les Balkans


Alors que les firmes occidentales se montrent réticentes à l’idée de réaliser des investissements risqués, les Balkans offrent à la Chine l’occasion de damer le pion à ces concurrents. Ces dernières années, les investisseurs chinois ont ciblé de plus en plus régulièrement de nouveaux projets énergétiques dans la région.

En Roumanie, la China National Electric Equipment Corporation a présenté un plan d’un milliard d’euros pour une centrale thermique de 500 MW, alors que la Chinese Nuclear Power Engineering Corporation devrait être désignée pour ériger deux nouveaux réacteurs nucléaires à Cernavodă.
Pékin va également s’occuper de la construction de la centrale hydroélectrique de 1.000 MW à Tarniţa-Lăpuşteşti, un projet évalué à 1,3 milliards d’euros.

En Bulgarie voisine, la China National Nuclear Corporation s’est dite intéressée à l’idée d’ajouter une nouvelle unité de 1.000 MW à la centrale nucléaire de Kozloduy. Des firmes chinoises pourraient également prendre avantage de la lenteur des négociations entre Sofia et Moscou pour réaliser une seconde centrale nucléaire à Belene.


Enfin, la banque chinoise d’import-export a accordé un prêt d’un milliard d’euros à faible taux à Elektroprivreda Srbije afin de moderniser le réseau électrique serbe et construire une centrale thermale à Kostolac.

Non seulement prêtes à prendre plus de risques que leurs rivales occidentales, les entreprises chinoises proposent des projets à des prix imbattables, quitte à rogner sur la sécurité. Par exemple, la Banque chinoise de développement (CDB) fournit actuellement des fonds pour la construction d’une centrale à charbon de 300 MW à Stanari, en Republika Srpska. Ce projet, évalué à 500 millions d’euros et porté par la China Dongfang Electric Corporation, ne coûtera ainsi que la moitié du prix exigé par le français Alstom et le consortium polono-canadien Rafako-SNC Lavelin.

Avec des investissements évalués à près de 55 milliards de dollars en 2010, la Chine est désormais leader mondial en matière d’énergies renouvelables et exporte son expertise dans les Balkans. Les firmes chinoises Polar Photovoltaics et Wiscom Systems prévoient ainsi de construire une centrale solaire à Ihtiman, dans l’ouest de la Bulgarie. En avril 2011, la Public Power Corporation of Greece (DEI) a signé un accord avec Sinovel Wind, le plus grand fabricant de turbines éoliennes chinois, afin de développer un champ éolien de 200 à 300 MW.

Le même mois, la China International Water and Electric Corporation signait un protocole d’accord avec le gouvernement macédonien pour construire 12 centrales hydroélectriques le long du Vardar, du Kosovo à la frontière grecque. Ce super-projet à 1,5 milliards d’euros, censé être achevé dans 15 ans sera également financé à hauteur de 85% par un prêt de la CDB (Voir notre article : Macédoine : les Chinois vont construire 12 centrales hydroélectriques).

Bien qu’elle ne soit pas limitée à l’Europe du Sud-Est, la part croissante qu’occupe la Chine dans les projets énergétiques obéit à une stratégie de long-terme. En effet, en investissant dans un marché potentiellement lucratif et qui doit encore être complètement libéralisé, Pékin s’empare d’actifs dans une région directement connectée à l’Union européenne. De plus, Pékin cherche à accroître ses exportations de produits énergétiques afin de compenser la baisse à long-terme du prix des équipements, due à des économies d’échelles, une plus grande productivité, et une certaine surcapacité.

C’est ainsi que la Chine est d’ores et déjà parvenue à dépasser ses rivaux occidentaux et s’impose désormais comme le plus grand fabricant mondial de turbines éoliennes et de panneaux solaires, tout en soutenant fortement la construction de centrales au charbon propres et de centrales nucléaires. Au final, en l’absence de politiques vigoureuses soutenant les technologies du futur tant aux États-Unis qu’en Europe, l’Occident pourrait bien un jour échanger sa dépendance au pétrole du Moyen-Orient pour une autre dépendance, celle-ci aux technologies énergétiques estampillées Made in China.

Source : Le Courrier des Balkans

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