lundi 5 décembre 2011

Moody's a dégradé la note de la Hongrie


L'agence a annoncé avoir abaissé d'un cran la note de crédit de la Hongrie, à Ba1, faisant basculer le pays en catégorie spéculative ("junk") quelques heures après que Standard & Poor's a décidé au contraire de maintenir sa note dans un contexte de discussions d'une aide internationale pour Budapest. La Hongrie a officiellement sollicité une aide auprès du Fonds monétaire international et de l'Union européenne, alors que jusqu'à présent le gouvernement y était farouchement opposé.

Le pays avait été contraint de faire cette demande après que le forint soit tombé à un plus bas record face à l'euro à la suite de l'annonce faite par S&P qu'elle plaçait sa note sur la Hongrie sous surveillance avec implication négative. Le déclassement de Moody's, qui a attaché une perspective négative à sa note, se traduit par un recul de 1% du forint par rapport à l'euro, selon des données Reuters. Le 14 novembre, il était tombé au creux historique de 317,90 pour un euro.

Les rendements obligataires, déjà à un plus haut de deux ans et demi à plus de 8%, devraient également être sous pression.

Pour justifier sa décision, Moody's a évoqué les incertitudes croissantes concernant la capacité de la Hongrie à atteindre ses objectifs budgétaires, des niveaux d'endettement élevés et ce que l'agence de notation désigne comme des perspectives de croissance à moyen terme de plus en plus mitigées.

Le gouvernement hongrois a reçu cette dernière dégradation comme étant une agression. Le ministère de l'économie hongrois a estimé dans un communiqué que l'abaissement de la note souveraine hongroise à Ba1 par l'agence de notation Moody's faisait partie "d'attaques financières dirigées contre la Hongrie".

La Hongrie vulnérable à des chocs

La décision de Moody's est professionnellement infondée, a jugé le ministère de l'Économie hongrois, ajoutant que l'affaiblissement du forint n'était pas justifié au vu des performances économiques et budgétaires. "La décision de Moody's de maintenir une perspective négative sur les notes de la Hongrie est le fait des incertitudes entourant la capacité du pays à résister à d'éventuels risques de crédit provoqués par la crise de la dette souveraine en Europe", déclare Moody's. L'agence de notation ajoute que la demande d'aide faite par la Hongrie - qui avait été sauvée de la faillite en 2008 par un prêt FMI-UE de 20 milliards d'euros - illustre les difficultés de financement du pays, notant qu'un accord avec les deux institutions pourrait, dans l'immédiat, atténuer ces difficultés.

"Beaucoup avaient estimé que la demande d'aide au FMI était une tentative visant à éviter un déclassement - mais elle est arrivée trop tard", a noté Charles Robertson, économiste en chef chez Renaissance Capital. La Hongrie devra refinancer 4,7 milliards d'euros de dette extérieure l'année prochaine, le pays étant censé commencer à rembourser une partie du prêt souscrit auprès du FMI en 2008.

Budapest a dit vouloir un nouveau prêt FMI-UE pour mettre en place un "filet de sécurité" contre les turbulences de la zone euro. La faiblesse du forint s'est traduite par une aggravation de l'endettement de l'État, représentant 82% du produit intérieur brut (PIB) à la fin du troisième trimestre. Selon Moody's, l'objectif du gouvernement d'un déficit budgétaire de 2,5% en 2012 pourrait être difficile à tenir en raison du niveau élevé des coûts de financement supportés par le pays et d'une croissance économique anémique.

Fitch et S&P maintiennent pour l'instant la Hongrie dans la catégorie investissement, un cran au-dessus de celle dite "junk", avec toutefois une perspective négative.

Source : latribune

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